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Moulin du Tsâblo, Haute-Nendaz

Posté le 18.03.2016 20:42
Pouvez-vous nous donner des indications historiques à propos du moulin du Tsâblo?

Bonjour,

Le torrent du Tsâblo a donné son nom au moulin éponyme, mais plusieurs moulins connus se sont succédé le long de ce torrent. Sur quelques centaines de mètres, entre Haute-Nendaz et Sornard, on trouvait quatre moulins, un foulon, une scierie, et une tannerie.
C’est dans ce microcosme économique que s’insérait le Moulin du Tsâblo. On ne sait rien de ses origines, le premier meunier connu est Jean-Bernard Bourban qui meurt vers 1830. Il est encore jeune et a sept garçons en bas âge. Il faut attendre vingt ans pour que Jean-Pierre le cinquième de ses fils reprenne l’exploitation du moulin. Il y ajoute un foulon pour le broyage des pommes, des poires, des noix etc. En 1889 l’exploitation est reprise par Jean-Pierre Délèze, mari de Philomène-Marie Bourban fille du meunier précédent. Une affaire qui reste donc dans la même famille.
Selon Paul Bourban, en novembre 1895, deux enfants – Antoine et Jean-Barthélemy Bourban (24.8.1884 – 20.11.1895) - en l’absence de leurs parents s’amusent près du moulin en mouvement. Le plus jeune âgé de 13 ans, se laissa prendre la main entre 2 roues d’engrenage qui prit le bras, puis une partie de la poitrine. Le volume d’eau étant peu considérable, le moulin s’arrêta par cette difficulté. Le malheureux Jean-Barthélemy rendit le dernier soupir (voir Feuille d’Avis de Lausanne du 23 novembre 1895).
Dans son ouvrage, Rose-Claire SCHUELE nous apprend qu'au début du 20e, Benjamin Fournier aurait exploité du granit pour le moulin du Bourbandën à la Crête du Chaèdo. Il aurait tiré profit d’un bloc erratique.
En 1906, on construit une boulangerie en annexe au moulin du Tsâblo. Peu après, le doyen Jérôme Bourban, curé de Leytron, fait ériger une bâtisse en maçonnerie qui insère le moulin dans ses soubassements .
En 1924, selon Henri Michelet, les 7,5 chevaux-vapeurs de la scierie Favre à Beuson sont rachetés par le «complexe scierie-moulin-batteuse» du Tsâblo à Haute-Nendaz .
La route construite en 1925, passe au ras des façades du moulin, on enlève les lavoirs, un petit moulin en amont, et on déplace le foulon qui demeurera longtemps adossé au flanc de la bâtisse, inerte.
En 1925 toujours, on comptait selon une statistique de l’Etat du Valais, on comptait 2 usines hydrauliques à Haute-Nendaz, soit :
- celle de Délèze Jean-Pierre, Haute-Nendaz, 2 ch. de puissance durant le temps d’exploitation, moulin et scierie ;
- celle de Bourban Denis, Haute-Nendaz, 2 ch., moulin et scierie

En 1932, Jérôme Délèze, de Jean-Pierre, s’installe comme meunier au moulin du Tsâblo, mais en 1935, le moulin s’arrête définitivement. En 1935, le moulin s’arrête définitivement ; heureusement, on mure tous les accès au mécanisme, ce qui le préserve de déprédations.
Mais la boulangerie est toujours fonctionnelle, preuve en est cet accident survenu le 15 novembre 1936. La Feuille d’Avis relate qu’ « Au plafond du local se trouvait une perche, laquelle soutenait une vieille bascule à crochets et ressort qui servait de barre de reck. Un jeune - Maurice Bourban (27.11.1919-18.10.1956)  -  s’y accrocha par les pieds puis abandonna la barre de ses mains. En dressant son corps à la position renversée, le visage vint friser les crochets de l’ancien appareil de pesage. La lèvre supérieure s’y accrocha et la pointe du crochet pénétra sous la peau et dans l’une des narines, perforant jusqu’à proximité de l’œil, pour en ressortir perçant l’os du nez et la joue. Comme le jeune homme se débattait, la peau de la joue et la lèvre se déchirèrent et il retombait à terre, libéré de son supplice, mais affligé d’une longue balafre de l’œil à la bouche».

La reconstruction
En 1984, lors de la correction de la route cantonale à la sortie du village, sur le torrent du Tsâblo, le moulin fut entièrement détruit.  On procède alors à la récupération du mécanisme, des meules et des pièces essentielles. Tout ce matériel appartenait à la famille Délèze de la Crettaz, représentée par Francis Délèze, qui le mit à disposition d’une éventuelle fondation en vue d’une reconstruction. Cette idée n’a jamais été abandonnée, mais malgré quelques tentatives rien n’est fait. Le temps passe et le matériel se détériore.
En 1996, grâce à la création l’Association pour la Sauvegarde du patrimoine Nendard, le projet est réactivé. On profite d’un taux de chômage élevé, pour effectuer les premiers travaux de réfection, en programme d’occupation
La situation économique s’étant heureusement rapidement améliorée, il a fallu trouver autre chose que les chômeurs. Avec l’aide de nombreux sponsors, un prêt LIM sans intérêt et l’aide de la Commune de Nendaz, ainsi que l’aide de nombreux bénévoles le moulin a pu enfin être reconstruit.

En 2003, on inaugurait non pas un vieux moulin, mais un moulin neuf à l’ancienne.

Pour rédiger cette réponse, de nombreux ouvrages et articles de journaux disponibles à la Médiathèque Valais ont été consultés (voir bibliographie ci-dessous), et nous avons contacté l'Association pour la sauvegarde du patrimoine nendard.

Meilleures salutations,

La Médiathèque Valais

 

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